L’Algérie proteste contre la détention d’un agent consulaire en France

L’Algérie a « vivement protesté » samedi soir contre la détention en France d’un agent consulaire, accusé d’implication dans l’enlèvement d’Amir Boukhors, un influenceur algérien, une affaire jugée « inadmissible » par Alger à un moment où les discussions avec Paris viennent de reprendre.

Trois hommes, dont un travaille au consulat d’Algérie en France, ont été mis en examen à Paris pour arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire liée à une entreprise terroriste, selon le parquet national antiterroriste (Pnat) français.

Dans cette affaire touchant à l’opposant au régime algérien Amir Boukhors, surnommé « Amir DZ », les trois suspects sont également accusés d’association de malfaiteurs terroriste criminelle.

Ils ont été placés en détention.

Le ministère algérien des Affaires étrangères a exprimé sa ferme opposition à ce « nouveau développement inadmissible et inqualifiable », précisant que cela « causera un grand dommage aux relations algéro-françaises ».

Alger s’est engagée à ne pas « laisser cette situation sans conséquences ».

La diplomatie algérienne a reçu l’ambassadeur de France, Stéphane Romatet, pour « exprimer (s)a vive protestation ».

Le gouvernement algérien a dénoncé tant « la forme » que « le fond » de cette affaire, rappelant que l’agent consulaire a été arrêté en pleine rue et placé en garde à vue sans notification par le biais diplomatique.

« Argumentaire vermoulu »

Les autorités algériennes ont également critiqué « l’argumentaire vermoulu et farfelu » du ministère de l’Intérieur français, qualifiant l’enquête de « cabale judiciaire inadmissible » fondée uniquement sur des données de localisation du téléphone mobile de l’agent consulaire.

Amir Boukhors, qui a obtenu l’asile en France, fait l’objet de neuf mandats d’arrêt internationaux émis par l’Algérie, qui l’accuse d’escroquerie et d’infractions terroristes.

La justice française avait refusé d’extrader Amir Boukhors en raison de son statut de réfugié.

Agé de 41 ans, il est suivi par plus d’un million d’abonnés sur TikTok et a été victime de deux agressions en France, déclarant à l’AFP son avocat, Éric Plouvier.

Suite aux mises en examen, l’avocat a qualifié la situation de « affaire d’État », tandis que le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a mis en avant un éventuel « acte d’ingérence étrangère ».

Cependant, une source proche du dossier a exprimé des doutes sur l’issue de cette enquête, craignant qu’elle ne débouche que sur « un dossier vide ».

Pour la diplomatie algérienne, « ce tournant judiciaire inédit dans les relations algéro-françaises n’est pas le fruit du hasard », estimant qu’il vise à torpiller la reprise du dialogue bilatéral convenu lors de récents entretiens entre les deux présidents.

Le gouvernement algérien a exigé la libération immédiate de son agent consulaire.

Tensions et crispations affectent les relations entre la France et l’Algérie, exacerbées par le soutien de la France à un plan d’autonomie pour le Sahara occidental, contesté par l’Algérie.

Après l’arrestation en mars dernier de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal pour atteinte à l’intégrité du territoire, les relations se sont encore détériorées.

Malgré cela, un appel entre Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune a permis un léger apaisement, actant une reprise des dialogues bilatéraux.

Publié le 13 avril à 03h24, AFP

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