Parler d’alcoolisme au féminin dans le pays des ceps et des spiritueux constitue un véritable défi. Elsa Bennett et son coréalisateur Hippolyte Dard ont su relever le gant avec leur film Des jours meilleurs, qui retrace le parcours de soins de femmes en cure. À l’occasion des Rencontres du Sud d’Avignon, ils partagent leur expérience.
Une motivation personnelle
Elsa Bennett révèle : ‘Hippolyte et moi avons été très touchés par ce sujet sur le plan familial, nous avons voulu en parler.’ Le sujet de l’alcoolisme chez les femmes demeure encore tabou au cinéma, et ils ont ressenti l’importance de libérer la parole de ces femmes.
Un tabou à défaire
Selon Bennett, ‘Nous sacralisons encore beaucoup les femmes, et surtout les mères. Nous ne voulons pas voir cela.’ Ainsi, difficile de visualiser une femme en proie à l’alcoolisme. Elle souligne qu’il s’agit avant tout d’une maladie, et que ces femmes ont besoin d’aide et d’écoute.
Un film à message
‘J’espère que le film sera perçu comme un acte militant’, déclare Bennett. La réalisation du film a été un long parcours semé d’embûches pour obtenir le financement, car au départ, peu de personnes croyaient au projet. Cependant, suite au mouvement #MeToo, des opportunités se sont présentées, permettant la réalisation de ce film crucial.
Des récits authentiques
Bennett explique qu’elle a rencontré des addictologues et des femmes dans des centres de soins pour collecter des anecdotes. ‘C’était essentiel de forger une histoire personnelle pour chaque rôle.’ Les personnages secondaires, initialement moins développés, ont pris vie grâce aux témoignages de ces femmes, apportant humanité et émotion au film.
Un défi de financement
Concernant le financement, Bennett indique : ‘Je n’ai pas ressenti d’obstacles directs, mais nous avons eu du mal à trouver des sponsors.’ Bien qu’ils aient obtenu un soutien d’un regroupement de pharmaciens, peu d’autres organisations étaient prêtes à s’associer au projet.
Une finale mindful
À la question sur le pot de fin de tournage, Bennett répond : ‘Au Maroc, cela limite la consommation d’alcool.’ Elle insiste sur le fait qu’ils évitent la consommation excessive, même lors des avant-premières. ‘Nous devons honorer notre sujet.’, ajoute-t-elle, soulignant l’effet introspectif que le tournage a eu sur l’équipe, certains d’entre eux ayant questionné leur propre consommation d’alcool.
Une évolution nécessaire
‘Il y a un réel changement en cours’, affirme Bennett, indiquant que les productions prennent désormais conscience des comportements sur les tournages. L’impact du mouvement #MeToo a révélé des abus et stimule des changements nécessaires et attendus.
Conclusion
Des jours meilleurs d’Elsa Bennett et Hippolyte Dard, d’une durée de 1h44, est à découvrir dans les salles à partir du 23 avril 2025.